Né vers 1530 dans une famille de marchands, Pontus Escoperier passa une partie de sa jeunesse au
monastère bénédictin de Montolieu, grâce au probable appui d'un parent déjà moine. Si sa naissance comme troisième enfant correspondait à une vie sous l'habit, son tempérament ne put supporter la vie religieuse. Il avait bénéficié d'une solide culture et de la maitrise du latin. Il manifesta intention de servir dans la carrière militaire et, de 1551 à 1556, fit ses premières armes dans le Piémont, sous les ordres du maréchal de Brissac. un fin tacticien et meneur d'hommes. Il revint en France pour participer à la bataille de Saint-Quentin (1557), une défaite cuisante qui fit perdre à notre pays ses ambitions sur l'Italie. Il s'embarqua ensuite pour l'Écosse, avec les troupes de Henri Il, venu appuyer les catholiques contre un soulèvement populaire (1558- 1560).
Une fois le royaume de France retiré des principaux conflits, Pontus passe en Scandinavie et offre ses
services au roi de Danemark, Frédéric Il, qui voulait dominer la Baltique. Prisonnier des Suédois en 1565, il attira la sympathie du jeune roi Éric XIV qui le fit libérer. Après plusieurs envois comme ambassadeur en France, Pontus contribua avec succès à une révolution qui destitua le roi lors d'une marche sur Stockholm et donna le pouvoir à frère Jean (1568). La Gardie bénéficia alors de la reconnaissance royale pour « sa vigilance, son adresse, sa fermeté » et devint grand-rnaitre de sa maison pour organiser le couronnement.
Il arriva à Reval(Tallinn) en 1573, déjà fait chevalier, et il acquit le titre de baron d'Eckholm avec de grands biens qui en dépendaient. Ayant supplanté le gouverneur d'Estonie, il se fit nommer vice-roi en 1575. D'abord chargé de plusieurs missions diplomatiques, il se rendit au Vatican en 1576 pour négocier un retour de l'église suédoise dans le giron romain. Il commanda en chef les troupes suédoises engagées dans des opérations militaires face à Ivan le Terrible. « Faisant preuve d'une grande habileté et d'une réelle aptitude à apprécier les situations d'ensemble, il sut diriger contre les forces russes d'audacieuses attaques par surprise, livrer bataille contre des troupes bien supérieures en nombre et lancer ses hommes à travers des bras de mer pris par les glaces » Il remporta alors sa plus brillante victoire en s'emparant de Narva, port russe dans le golfe de Finlande ( 1581).
Entre temps, il avait couronné sa carrière en épousant Sophie Gyllenhjelm, fille naturelle du roi Jean : sous les voûtes.de l'antique basilique de l'abbaye royale de Wasthéna, se déroulèrent les pompes d'un mariage princier, en février 1580. Pontus périt dans le naufrage accidentel de son navire le 5 novembre 1585, à Narva en Livonie (actuelle Estonie) dont il avait été nommé gouverneur. Il est enterré à Tallinn à l'interieur de la cathédrale lutherienne. Sa descendance, avec les armoiries, se maintient en Suède depuis plus de 400 ans, plus curieuse sur ses origines françaises que notre région sur la vie d'un homme de génie.
Pontus de La Gardie eut trois enfants : Jean, né le 3 mai 1582, Brigitte et Jacob nés le 20 juin 1583. La mère décède lors de ces couches. Jacob Pontusson de La Gardie (1583-1652), bénéficia des mêmes soins de la part de la Cour et choisit la carrière des armes : il initia aux armes le futur roi Gustave Adolphe. Il épousa une cousine de ce souverain, Ebba Brahe, « la plus belle héritière de Suède >>. Il fut un de ces brillants seigneurs qui se distingua autant par ses services militaires que par la protection des arts. Investi d'un commandement militaire, il remporta des succès contre les Polonais et les Russes et il entra dans Moscou en 1610. Il débuta une correspondance avec ses cousins français pour connaitre ses origines. Maréchal et grand connétable, président du Conseil de guerre, comte de Läckö, il laissa une descendance de 14 enfants, dont quatre garçons à la carrière brillante.
Parmi eux, Magnus Gabriel de La Gardie (1622-1686), favori de la reine Christine et chancelier du royaume, beau-frère du roi Charles X Gustave, se chargea de négocier l'alliance de la Suède avec la France de Louis XIV, en 1674. D'abord membre du Sénat, nommé comte d'Arensburg, il reçut, en 1648, le gouvernement général de la Livonie. Membre du conseil de régence de Charles XI, puis ambassadeur en Pologne, il devint chancelier du royaume et premier ministre.
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